vendredi 6 mars 2015

Lumière fossile /17

Cet auteur, décidément pas con du tout, se rend compte que, quand il débarque, à chacun de ses débarquements, ailleurs dans ces là bas vers lesquels il projette son corps et son sac, engoncé et exalté à la fois, comme si de quelque part d'entre les plis du sac émergeait ce qu'il a du mal à refouler, le sac et lui bien entendu ne faisant qu'un, émerge dis-je ce qui le lie à sa condition répétitive de voyageur. Du sac de sa condition de voyageur, ou plutôt de façon plus réaliste, de sa bouche débarquant, lui vient immédiatement une citation qui marque le lieu, un lieu, le lieu de son débarquement..., et il évite, aujourd'hui fort de sa découverte, il évite s’il le peu, quitte à appuyer sa main fortement sur sa bouche d'où, pour sortir poussant sa paume quelque chose insiste. Car d’entrée, la pollution du réflexe de la citation pollue, polluerait même un réflexe sain s'il en existait un, vite vite la citation remplacerait le voyage lui-même juste après l'arrivée le débarquement, le voyage deviendrait celui d’un autre voyageur, l'arrivée celle d'un autre.
Assez commun somme toute, assez facile lorsqu'on trempe dans un milieu littéraire, car ce réflexe est à l'origine de la citation, la citation a une figure, vient d'une figure, d'un de ces grands auteurs ou philosophes ou empereurs que l'on trouve dans l’encyclopédie, toujours eux-mêmes déjà, à l'époque, une citation venue à leur bouche au bon moment, et proférée, à la bouche au bon endroit, dûment notée par leur secrétaire particulier, eux, grands auteurs philosophes empereurs en quelque sorte en répétition vers le futur, projetant la scénographie de leurs traces et monuments, verbeux, verbaux symbolique vers la postérité… Un tel effort depuis qu'il s'est rendu compte de cet honnête travers..., il n'en peut plus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire