Ecouter
de la musique à deux dans une voiture quand on n'en écoute
jamais à deux pour la raison même qu'on ne peut partager un espace
ni spatial ni sonore, rien, est sacrément..., et je mâche
mes mots. Les mêmes raisons de façon fixes, indéfectibles, raisons
autonomes hors de nous et de moins en moins patientes, de moins en
moins patient soi avec soi-même, la plupart du temps trop occupé à
rechercher notre propre concentration penché sur nos goûts en
propre, impartageables en l'état. Il nous arrive de choisir parmi le
bruit du bruit un lieu que nous occupons un temps en tant que
présence dans l'espace, notre écoute ainsi choisie a été. Dans le
cas présent, dans la voiture rappelons le en compagnie de l'autre,
nous tentons une énième fois d'écouter, là, une musique. Il se
trouve que celle-ci, cette musique non testée en solitaire est
particulièrement mièvre, trop ronde et propre, une qui n'a pas fait
ses preuves, une ici si lourde se voulant parfaite et trop rapide,
pire, l'autre semble satisfait à l'écoute de cette musique. L'autre
n'écoute jamais comme y faut, comme on aimerait qu'il écoute, comme
notre double écouterait, sans dépasser, l'autre, adoré par
ailleurs, est proprement agaçant. Ce que l'on doit supporter là
assis au volant, de cet autre qui écoute auto-associé à son
écoute, absolument tout à son écoute, le poids de son écoute
redouble le poids de sa présence incongrue alors qu'on conduit, son
écoute a l'air, ou on ne sait, on le sait plus ou moins, le devinant
à sa mimique à notre droite, enthousiaste, ce qui est révoltant au
vu et au su de ce qu'on ressens peu à peu de plus en plus
violemment, enfariné l'autre..., son air... « Merde alors tu
n'entends pas que c'est une version pourrie, qu'ils jouent comme des
pieds, qu'ils se courent après les uns derrière les autres les
musiciens si ce sont des musiciens, ils galopent sur trois pattes,
punaise mais c'est pas possible comme ils tirent sur leurs archets,
le chef d'orchestre a dû sortir pisser ou quoi et ils
continuent tous hystériques des boyaux des cuivres et des timbales
sur leur lancé merdique !!?» Pas vraiment la faute de l'autre
mais bien celle de la musique, la musique fait tant pour le cinéma
jusqu'à plier l'image, pourquoi se rend elle là si pénible en
roulant en compagnie de l'autre ? Notre cinéma en roulant oui
parlons en, notre cinéma d'autoroute c'est vrai, ça colle parfois
aux images qui viennent se coller aux vitres absorbées par la
musique, on supporte un moment on aime un moment on est tout musique
tout image, notre présent se fait fluide puis ça cesse.
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