Cher C.
La meilleure façon semble t il de passer entre les gouttes serait, petit a) de ne point exister (solution adolescento-déprimante), petit b) d’être goutte soi-même (approximativement Lao Tsu ou Lao Tsou… ?). Nous en sommes loin, ça n’a pas grand intérêt non-plus, il nous faut le souffle de l’aventure et du risque, brasser des matériaux occidentaux plus que de la réflexion.
Ces notions aqueuses se rapprocherait-elles de ce que je viens se lire sur la jaquette d’un roman : « L’auteur coule aujourd’hui des jours paisibles en Angleterre ». Les coule-t-il, que s’écoule t-il de lui, comment coule t-il une pierre au cou, ou dans les poches pour les plus raffinées… ?
Nous vivons tellement des mots (irrigation je veux dire et non finance vous l'aurez compris, notre sang nos artères nos pulsations et nos craintes), qu’on finit par les convoquer contre tout et avec toute la « magie » dont nous sommes capables (et souvent les autres tenus responsables de ceux qu’ils emploient à tord).
Comme parapluie nous utilisons ce parapluie : je marche dans la rue le poing vertical levé à hauteur d’épaule, dans le creux de la main l’empreinte d’un parapluie-mot. Pfuiiii ! Bravo ! Me dis-je, t’es mûr mon gars pour le cabanon. N’est ce pas notre lot quotidien, mhhh ? Le quidam surpris est pourtant notre même sans s’en rendre compte.
Portant en soi le mot parapluie (ceci de façon plus commune et « réaliste » parce que commune) on passe inaperçu, moins « remarquable » à arborer de cette façon la forme et l’absence de l’objet.
La pluie est la pluie. J’en suis quant à moi à me fondre dans les éléments, ce qui équivaut aujourd’hui soi à un déni protecteur (jusqu’à quel point ?) soi à une sagesse aveugle (dans le même genre). Dans les deux cas à un lent suicide contemporain. Mais aussi une curieuse et malsaine curiosité devant l’avenir. Que nous réserve-t-il, la fiction dans ce domaine a déjà tout écrit. C’est affreux de le dire de cette façon, « c’est écrit (par la fiction)».
Quand j’ai de gros emmerdements je me penche avec délice sur les lettres ou journaux littéraires, j’en jouis ça me décale. Lisibles passionnants délicieux faciles à lire décontractants riches intelligents. Fiction.
Notre surdité face au risque mortel est chaque jour un rendu un peu plus forte par les événements. Chaque jour aussi, la façon dont ceci nous est asséné matraqué et pour nous dissimulé (en bons paranos alternatifs), ceci : à tout instant chaque minute nous pouvons (avons le loisir) de mourir, tout sera prêt dans ce qui est écrit et lissé, si rond fait et produit officiant éventuel, testament immédiat, ultimes paroles, journaux littéraires correspondances…: « …approche un peu l’allogène Eugène ! » tant glosé, ou le « va payer mes dettes !… », dans les deux cas, paroles définitives gravées dans le définitif (un matériau peu malléable).
Malgré toute vos questions cher C., et ici vos peurs, vous ne vous en sortez pas mal et pas mal du tout en général, vous slalomez (votre ancienne carrière de skieur international, ha ha ha…) particulièrement gracieusement entre les gouttes, même si, secouer un peu plus son parapluie de peur qu’il nous contamine en montant dans le bus est d’un ridicule que plus personne ne remarque puisque une quantité faite de singuliers le pratique tellement ouvertement que ça en devient de la discrétion normative, du respect aveugle, du mépris pour tout geste étrange…, et puis on ne peut pas faire attention au rayonnement du portable qui lui aussi fait office de mots protecteurs (je vous le dis nous sommes dans une époque primitive) en même temps qu’au reste du monde qui s’agite individuellement à proximité ? Non.
Bien à vous, H.
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