Notre
vieille amie N. qui aimait encore assez bien, ne sachant rien faire
elle-même de ses dix doigts, que les invités de passage et de
moindre importance fissent quelques travaux, entreprennent
l’entretien la rénovation de son antre avec les instruments
locaux, et l'un dans l'autre sa maison s'est ainsi construite, belle
intelligence. Mais notre vieille amie N. aimait surtout peut-être en
une sorte de sadisme inconscient, que nous utilisions ses pauvres
outils. Pince aux doigts serrés et croisés par la rouille pour
l’éternité, rouleau de fil de fer soudé par la pluie, marteau
valsant au manche disjoint et loin de son manche of course, scie sans
dents râpe sans lime, N. pensait sans doute à Mallarmé, maintenant
que j'y pense moi-même, comme à un outil de menuisier, « passe
moi le mallarmé qui est dans la caisse s'teplait ! ».
Oui et c'est assez surprenant de similitude enfantine ou de sadisme
dissimulé, que notre bonne amie D. d'aujourd'hui, également
aime-rait nous voir entreprendre en sa compagnie ou sous son regard
bienveillant, manier quelques pinceaux collés qu’il ne faut
surtout pas abîmer en tentant de les ranimer, ou peindre ou
repeindre d’immuables fresques extérieures soumises aux
intempéries à la gouache, ou cueillir les dernière cerises du haut
épargnées par les merles à l'aide d'un petit mais charmant
escabeau, ...outils malades qu'il faut d'abord retrouver avant de
leur rendre leur âme et poser par là très certainement,
délicatement, notre existence, notre être, la raison de notre
présence sous ses yeux exigeants, à ses côtés, dans ses mains.
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