mercredi 4 mai 2016

Partoche du 29 4 16

Petite leçon de poésie 
(Nouveau théâtre du 8ème/Lyon le 29/4/16)
(+ contraintes)

1

Le maïs en Queue à mis en miette deux vénus, queue javelle deux petites haies de cyprès ténus, haïes temps haie mais détesté ? Jeux de croix levant sas et augmentant le thé au lait (Google trad)

Que sont mes amis devenus ? ...
Aucune idée... !

2

Où irais-je si je pouvais aller...
Que serais-je si je pouvais être...
Que dirais-je si j'avais une voix ?

(????)

Déjà que dire est dur
mais dur est aussi dire
et dire de dur quoi ? Que dire de dur ?

Dire et devoir donner à dire
du dur de plus en plus dur et qui dure plus on dit
plus on dit de dur qu'il est aussi dire...

Mais dur dure quoi ? Plus ou moins le temps de dire
que dure la façon d'aller à ce qui dure
autrement dit de dire le dire de ce qui est dit du dur qui dure qui dit que ça dure
le temps qu'il faudra pour dire ce qui dure dans le dur

Mais franchement dire que du dur dure ne me dit pas autant que dire
que dans le dire dure certainement une part de dur (virgule , geste)
la part de ce qui est dit lorsqu'on dit que le dire
ne dépasse pas la durée du dur.

Suis-je clair avec le dire autant qu'avec le dur ?


3

Mais bon, la poésie et heureusement heureusévénement :
La poésie doit avoir pour but la vérité pratique
la poésie utilise ce qu'elle a sous la main plutôt que rien
La poésie doit être ciblée, pratique, la vérité Patrick,
lavée et vérifiée, la vérité.

: Si j'étais riche (par exemple) j'aurai pas besoin de faire de la poésie
°

Fernand le poète :
Les pustules de Gudule
remontent
jusqu'à son cul
(C'est bien Fernand ! Dès que c'est joli c'est de la poésie)

Quand je pense à Fernand, je band je band !
(bouleversant non ?)
(mais nous sommes encore dans la poésie)

°

Représente-toi d'ailleurs la diversité des jeux de langage à partir des exemples suivants, et d'autres encore:

Alexandre envoya quelques animaux à Aristote.
La palette en carton diminue les troubles musculo-squelétiques.
La lumière est bleue, d'un tel bleu, dans un tel bleu, même mourir ne serait pas un mal.
Sortir sans foulard c'est s'enrhumer spirituellement.
La pénétration de la patate dans les territoires de l'est.
la poésie, sauf en cas de légitime défense ou sous l'effet d'une forte émotion intérieure
(Il est intéressant de comparer la diversité des outils du langage et de leurs modes d'emploi, souvent divergents)
Il doit être possible par des tableaux et des diagrammes de représenter les résultats d'une expérience sexuelle.
Mieux que l'EPO / La poésie est l'oxygène de l'esprit / Le poème en est le globule rouge (insert sur le pouce : 29 4 16)
Emplacement où le public se baigne à ses risques et périls.
En un mot, il s'agit de montrer que la pensée n'est jamais superflue.
L'ampouleuse remplaça alors le formage à la main et permis la fabrication en continu.
Pour la première fois, une sieste sans fusils était descendu sur la ville allongée dans un sommeil inquiet.
S'abandonner au pouvoir des mots grâce à un support audio enrobant et suggestif.
L'omniprésence des consonnes explosives rend difficile une lecture au micro nu.
L'emphase, l'esprit et le papillotage qui y règnent, sont à mille lieux de la nature.
Donner des ordres, agir d'après des ordres, agir selon son propre désordre. (Auto-Sifflet admiratif)
Rapporter un événement après l'avoir emprunté malhonnêtement, (ce qui est le cas ici).
Décrire un objet en fonction de ce qu'on voit, ou à partir de mesures que l'on prend, parfois sans lunettes.
Produire un objet d'après la description d'un tiers lui même absent lors de l'événement.
Traduire d'une langue dans une autre puis d'une langue dans une autre puis..., établir conjonctures et hypothèses.
Résoudre des problèmes gastriques en lisant de la poésie, rien n'est sur mais, nous tentons. 

Pour produire un objet de singes, une description trottoir
Certains avec zèle, grâce, en effet, saluent, et prient
Donner des hôtes, le feu et d'après des commandes -
Décrire non objet en fonction de l'axe
Voit de ce, ou de la mesure Que l'on Pre – (Merci Google trad)

4

Quel age a le poète ? demande la petite Marie Pierre
Le poète est sans age ! lui réponds-je

°

(gnangnan:) ...tous ces livres dans la bibliothèque, tu ne les lis pas tous, pas tous à la fois comme tous ces panneaux dans les rues que tu ne vois pas tous en même temps, pour selon... ils sont là, personne ne les lit tous en même temps, pour selon... laisse moi te dire que la poésie c'est tout pareil, ELLE EST EN TOI TOUT LE TEMPS ELLE SOMMEILLE ET SORT PARFOIS DE SES GONDS ET C'EST PAS TOUJOURS BON, mais la plupart du temps elle ne regarde que toi et ton intérieur, cependant elle est là toujours là en toi et parcourt le monde en ta compagnie prête à s'extraire de toi telle une richesse endormie mais pas complètement...

La poésie sort de ses gonds
et c'est pas toujours bon
dit alors tonton.
(Fernand le poète)

Mais la structure du langage est infinie 
comme le pipi du ouistiti
en nage.
(Fernand le poète)


5


je suis aimé 
(1)

J'ai atterri par hasard sur ton profil

Bonjour
je suis Eugénia une jeune femme joviale et charmante, très attentionnée j'ai envie de connaître une personne qui me surprendra
je cherche un homme comme toi qui partage mes passions et saura me combler (waouh!)
j'ai très envie de te voir car ton profil me plaît (quoique le nez... mais je m'y suis habitué),
j'espère vivre une relation chaleureuse auprès de toi (l'hiver c'est bien)
j'ai hâte de te rencontrer, je serai de passage dans la région le mois prochain
contacte moi le soir , bisous

Je m'accorde sans honte des petits plaisirs avec les mecs qui me plaisent
je suis drôle et j'aime les jeux coquins (con trop pétri)
on pourrait faire connaissance
je te mets des photos de moi, mais n'hésite pas à visiter mon profil (mhhh, rien n'est plus trompe-heure qu'un profil-heureux)
bises à très vite j'espère

Coucou (coucou!) j'ai atterri par hasard sur ton profil hier soir et j'ai flashé sur toi (putain les yeux !).
J'aimerai beaucoup faire ta connaissance et plus, si affinités
j'espère que tu accepteras ma demande de contact,
bisous à toi !!!

Salut, je viens de déménager près de chez toi (ça se précise) et je cherche à rencontrer des gens avec qui bouger, sortir, faire la fête !!! (tout ce que je déteste!)
En général j'aime les personnes qui ne se prennent pas la tête (moi si !) qui aiment s'amuser (moi pas!),
ça te branche qu'on se voit ? (non !)
Je te mets d'autres photos de moi pour t'aider à te décider : regarde la pièce jointe... (moue) petit avant goût !! (hin hin)
contacte moi !
À bientôt.

Salut je m'appelle Mélissa ! Je pense qu'on a plein de points communs à se découvrir
j'espère que tu vas accepter ma demande qu'on puisse faire
connaissance et peut-être se rencontrer
à très vite bisous

Salut à toi, j'ai vu ton profil sur « Infidèle », pas mal !
Je suis en couple mais je m'ennuie, j'ai envie de goûter à d'autres plaisirs,
je cherche des plans d'un soir plutôt hot, car j'aime les jeux très coquins
Mais d'abord faisons connaissance, tu aimes quoi ? (dubitatif)
Mon mari est en déplacement cette semaine, si tu veux on peut se retrouver chez moi
envoie moi ton tel par message
PS : si tu as peur de passer à l'acte on peut se voir sur le tchat webcam
c'est comme tu préfères
Je peux vraiment être moi sans tabou et sans limite

5

(Isobare)

En fait tout va bien, tout va vraiment bien, on ne s’en rend pas compte, pas vraiment compte, tout est fluide à tel point qu’on ne se rend compte de rien, on se déplace sans s’en rendre compte, on est là..., aucune différence, il n’y a pas de différence, aucune différence entre là et là, tout est liquide serein et sans conscience,

tout va bien, rien ne, rien n’accroche rien ne heurte au point qu’on ne sait pas de quoi est fait notre sol, l’instant, nos gestes, quel sol et à quoi se réfèrent-ils, qu’ils possèdent des articulations, ces gestes ?

Un nuage d’odeurs variées plaisantes, odeur l’une après l’autre denses et plaisantes qui nous baignent..., les repoussants sont repoussées, les cris charmants sont écoutés, les nuisances sonores rejetées, mais il nous les faut, dans un haussement d’épaule, un rire, un mépris léger, salutaire...

Il nous faudrait je dis bien il faudrait, quoique, dé ve lo pper, mais impossible évidement, qui du photogramme ou de la poule ? Ce mouvement fluide nous entraîne sans que nous en sachions trop, le fluide nous ôte délicieusement la conscience du vécu, le poids lourds de la conscience du vécu parfois certes merveilleuse, la plupart du temps, rien, un peu à l’étroit toutefois,

malgré le sourire sous gélatine.


Je suis aimé
(2)




Encore faut-il savoir utiliser l’intérêt qu’il y a à utiliser un tel. Faut-il dans cette permanence idiote, que nous restions sur notre faim, durement ? Un homme devrait se soucier de son domaine délicat et à couper le souffle de vie, à chaque fois ! Plus de 18 millions d’hommes à travers le monde ont essayé ces célèbres pilules masculins et fait état d’un bon coup de pouce dans le secteur amoureuse !
Essayez cette formule, alors que les prix sont super bas! Sale temps toutes Octobre, essayez-vous ! Glisser vous en elles plus, zipez déziper retournez plus ou outre-vent rien n’y fait grave au mieux encore couette dessous, remue-ménage à deux ou trois profitez l’étendement du temps, le froidi et la chaleur votre autant oui, faire en avant que pleurer du ciel car sale temps, mais oui profitez vous sentir dur dans la femme est bien saison si profitez allez vous cet homme qui souci fait de foi de si autant en raison tant en raison actez soudez vous corps avec partenaire à vous soumise et délicat dans son domaine coupez la vie en deux et la poire au célibat faite, testez donnez vite au résultat incroyable tant car voilà, ce cinéma est la vie,
votre étonnement parcourez et coupez ce souffle tant grâce de ces petites pilules qui dans corps et action vont tant profiter malgré la saison évidente mouillée car plus encore vous décidez dur et pomper la merveilleuse tout en même temps les prix fermement tenus actés profitez du moment la baisse occasion !
18 millions d’hommes dans le monde du domaine amoureuse et plus encore de femmes par la pratique de la grâce de ces pilules vrai coup de pouce et bon coup de résultat prouvé masculin étendu et tant de raison par refus impossible prenez commandez la raison en est la vie le plaisir les prix plus bas encore super bas profitez comme tant d’hommes pour les femmes et les femmes heureuses du délicat domaine approfondi plus et longtemps attendu le voila
l’invention mystère oui dans son domaine, parler et dit tant les preuves dites à travers le domaine essayez vous au lit asseyez vous au si et tant le coup de pouce dans le secteur si amoureuse occasion telle alors, hésitation, non !


6
(Fromage de tête)

Un tel geste multiplie lentement, tranquillise les constats agréables, les constats agréables cerclés d’or au ventre, les constats constellés de l’intérieur comme ventres jaunes mariant leur fille les deux mains croisées dans le dos allant à sa rencontre à la cime, en haut de la cour, pour l’heure.
Il y a un temps et un rythme, il s’agit tranquillement mais avec méthode jusqu’à une certaine irritation joyeuse de la gencive, d’aller chercher la particule minuscule incrustée, de tourner autour d’une des dents, en rond bien assis agréablement tassé, ou debout les mains reposant sur les hanches, bien calées sûr de sa fortune et de la bonne, un œil sévère mais juste, un regard intérieur de satisfaction sur son panoramique intime large étendu et confort, sur l’ampleur même de la satisfaction.
Une intense satisfaction, certes pas la plus noble quoiqu’elle passe par la bouche, la bouche reine des lieux et des sensations, elle qui arrête le cours du temps précipité comme toute intensité, la bouche, lieu de rumination des pensées comme des particules post-repas qui charrient des pensées heureuses entretenues par le courant de la longueur en bouche lieu de réflexion, lieu de la sensation. La pensée prend corps de la sensation de penser encore faut-il cette longueur pour un sentiment d’existence massive, un regard sur soi-même en son intérieur satisfait, là nécessaire là indispensable, là du contentement, ici bien exactement, la langue tourne et répète, augmente sa puissance de vie la notre.

7


(Promotion terre)

L’indestructible Emmanuel Valentin Vivant le plus que vivant et sans doute le plus Vivant des vivants morts de la planète plus que quiconque, ne peut mourir bien qu’il soit mort. Cet avoir été, ce squelette d’Emmanuel Valentin qui traine là-dessous est celui d’un Vivant, Vivant de génération en génération de Vivant.
Bien qu’enterré là ce Vivant, c’est comme si ses attributs peau sur muscles muscles sur squelette pour schématiser on en a tant besoin pour comprendre sans se fatiguer, qu’ils sont encore ces attributs, et lui, ce qu’il sera un certain temps, qui, bien qu’enterré là, n’est pas mort, demeurera Vivant. C’est un peu idiot à force. Il serait mort s’il était Mort mais il est Vivant et sans doute plus Vivant que quiconque parmi les Vivants recensés beaucoup beaucoup plus qu’un Mort ce mal nommé qui maintenant est vraiment mort.
De son vivant Vivant était vivant déjà et pour toujours Vivant, sans arrêt sans date, plus que Durand ou Martin déjà pas du tout Vivant mais Durand et Martin pour l’éternité en raccourci qui se profilait, ce qui est moindre quand on ne s’appelle pas Vivant. Eux qui sont maintenant quelque chose comme durand et martin rien de plus et ça fait une différence croyez-moi, c’est gravé sur cette pierre. Ils ont là-dessous comme ils avaient déjà là dessus, un squelette de Durand et un squelette de Martin qui sonne nettement moins bien que squelette de Vivant, Vivant le bien nommé alors qu’eux les très mal nommés étaient Durand et Martin aujourd’hui à peine durand et martin.
« Tu penses que Prudent serait encore prudent, que Second serait passé devant, que Parlant ce bon vieux Parlant toujours aussi bavard suçant philosophiquement les violettes par la racine parlerait encore une fois là-dessous ? Non hélas oui, ce défunt Parlant, ce malheureux Chanceux autant que ce pauvre et héroïque Rémy Prudent qui assassiné par la Gestapo en 44 est toujours ce Prudent que nous avons connu et je le dis par respect, mais moins, beaucoup moins vivant que ce Vivant parce que mort.



Nous sommes à coup sûr platoniciens, lorsqu’il critique, Platon, les longs métrages américains qu’aucun humain d’âge sensible ou de sensibilité fragile, ne devrait regarder, car ce que produit l’effet de ces films sur la mimésis, et ce qu’elle produit ensuite fidèle à elle-même, nous le constatons chaque jour sur les populations d’humains d’âge sensible ou de sensibilité fragile. Les actes se révèlent, ça fait du dégât, la nuit tombe, les quartiers s’animent, les êtres sortent d’eux-mêmes, hors d’eux ils font vraiment n’importe quoi, et surtout si on les encourage.
Beaucoup moins Aristotéliciens nous sommes lorsqu’il court, Aristote, dès la fin de son cours en voir de ces métrages inconvenants de l’idéologie très très librement libérale. Impatient et juvénile, toujours levant la jambe plus qu’il ne convient cet Aristote, avec cet air sympathique léger et jeune, impatient de jouir de ces tragédies bruyantes en couleurs pastelles qui selon lui et au contraire de Platon, distillent dans la distance, s’immiscent dans la réflexion éventuelle, en produisent d’ailleurs. En aucun cas ne produisent du réel qui exprimerait du réel à exprimer ensuite comme du réel seul, pur jus, pur et dur et tel quel, ...qui empêcherait les populations sensibles de rentrer en elles-mêmes et de se demander ce qu’elles sont en train de faire, là, devant un feu à base de pièces métalliques, matériaux composites et pneus, fumée noire, objet de propriété, qui hier encore, roulait.
Ce Platon, lui non-plus, ne serait n’est pas à ce qu’il parait ce froid pisseur coupeur d’envies que l’on a bien voulu portraiturer sans vraiment le connaître, cependant certes, mais un humoriste réfléchi. Je ne voudrais pas faire croire oh non que je me rallie à l’un ou à l’autre qui sont quand même des moralisateurs philosophiques, des poseurs à qui l’on emprunte au besoin ici ou là [ - faut que ça serve, l’exemple ne court pas les rues ] ce dont on a besoin.
car Titeuf, le philosophe des jeunes, Titeuf, a fait beaucoup de dégâts lui aussi, toutes strates culturelles confondues. Souligner, la parole, de cette façon, de ces enfants dont la question, la seule et perpétuelle question est : comment pourrais-je me cacher dessous le lit des parents et savoir ce qu’ils font (enfin, c’est ce que disent les psychologues) ? Pouah quelle vulgarité quelle glissade dans la bassesse et les bas instincts : un danger pour la jeunesse.
Bien que l’instinct de conservation et d’accouplement ne peuvent devenir esthétiques que par la consécration morale ou par le comique, il est néanmoins intéressant de voir que les conséquences naturelles, leur satisfaction, peuvent entraîner des situations qui sur le plan esthétique, peuvent nous sembler encore plus grossières.
Voir Spirou, qui a bien évolué dans la hardiesse des images, mais aussi des thèmes, de l’ambiance beaucoup plus adulte que naguère, oh si, si l’on compare, et qu’enfant nous comparions déjà sans relâchement, très très et curieux de tout et de beaucoup, oui déjà, …si l’on s’en réfère au passé des images, où un bouquet de fleur devait remplacer la vue d’un pistolet, l’éclatement des étamines se voulant sans doute, tentative de meurtre : cela cautionne aujourd’hui, et la liberté d’accueil d’une diversité frôlant l’obscène de la pensée minimum, touchant ferme la liberté d’une certaine violence sans pensée.
Habitant ces moqueries lisant ces bévues on rit de tout, des pires travers, …on se taille facile dans Spirou, ça clash sec dans Spirou !
D’une certaine façon, l’un et l’autre, Platon et Aristote, s’entendent pour dire mais on ne les entend pas, qui entend-on aujourd’hui en faisant l’effort d’ ?
Ils s’entendent pour dire, que, ça ne devrait point être, ça comme ça.
Ce qui est dit là imposerait de penser la mimésis autrement qu’à la manière Aristotélicienne.
Si l’on conçoit la mimésis non pas comme l’imitation d’une action mais comme une opération d’actualisation, ça va tout de suite mieux.
Mais, mais...


8

« La solubilité du sucre n’est pas quelque chose qui se voit, c’est une propriété durable qui, contrairement par exemple à un état, couleur, densité… est, on l’a vu, attribuée sur la base de faits non pas réels, mais possibles. Or pour nous autres, un fait possible n’est pas un fait puisqu’il n’est pas essence, objet d’aucune intuition sensible, possible.
Ce premier aspect du problème semble propre à l’intuitionnisme positiviste. Quant à Magali et son front, le phénomène est identique. Son activité sexuelle, s’il y en a une, ne se voit pas sur son front. Je veux dire par là que, ce n’est pas écrit :
« Je fais l’amour tous les jours, plusieurs fois par jour, pas du tout, je m’y refuse, je ne sais pas comment ça marche, ça me fait peur, j’adore ça, je n’arrêterais pas de jouir si c’était possible, avec quelqu’un mais qui, ce matin encore sous le bureau je, ou dans la cabine de douche, j’y pense sans arrêt, je n’y pense pas du tout, on y pense à ma place, etc. etc.…»
Peut-être même que malgré l’accumulation, l’agglutination des mâles autour de Magali, parfois plusieurs en une seule journée, elle refuse tout en bloc au moment de passer à l’acte, ça s’est vu.
Tout ça n’est pas écrit sur son front. On ne sait rien des activités sexuelles de Magali. Mais qui cela intéresse-t-il ?
Nous bien sûr ! Curieux comme on est. Et moins on en sait plus tout ça nous intrigue, plus on veut en savoir en savoir quelque chose. Nous sommes comme ça. Pourquoi Magali et pas une autre ?
Mais précisément, selon quel modèle faut il comprendre l’action individuelle et qui plus est, mystérieuse peut-être inexistante ? Comment concevoir cet objet particulier qu’étudient les sciences humaines, à savoir : autrui ? Autrui = Magali.
Ça ne sert à rien de penser à cet objet d’étude, on n’en sait rien, il se rétracte à mesure que nous avançons, mais nous continuons, c’est la science. Ça nous obsède, on pourrait devenir violent, on pourrait s’en prendre à Magali qui ne comprendrait rien à ce qui lui arrive.
Faire l’amour pour Magali est une possibilité que nous lui accordons, dont nous la sentons capable, activité dont nous pouvons nous mêler le cas échéant. La science est comme ça, ses objets d’étude nous entraînent loin. En ce qui concerne Magali nous souhaitons qu’elle nous entraîne plus loin encore.
Bon, on ne va pas passer notre vie à chercher comment quand Magali ou jamais. A quel moment ou jamais Magali s’active ou oui ou non ? C’était juste un exemple, un rien soudain qui peut nous obséder scientifiquement, obséder la science.
La science : vouloir tout savoir et se focaliser sur un objet d’étude, voila. Parfois on se proposerait même, très intéressé comme personne on se proposerait comme instrument de contrôle de saisie de vérification. Il semble pourtant que ça ne marche pas comme ça, pas à tous les coups. 

9


« Observons si l’on veut, un mètre carré de terrain. Je me sers d’un mètre pour délimiter un mètre carré de terrain. Je peux le faire dans un bois, dans un champ, dans un jardin, ce ne sera jamais pareil. Je peux aussi le faire dans un appartement, moquette tapis ou plancher.
J’observe les arbres et toute la végétation quand il y en a, toutes les maisons, les murs, les jardins compris dans un mètre carré de terrain. J’observe quel en est le climat.
Les vents dominants ne sont pas les mêmes que si le terrain est choisi dans un autre coin du jardin, ici ce n’est pas ailleurs, ce n’est pas comme là bas. J’observe la surface de la terre ou de la moquette dans le cas de l’observation d’un mètre carré de sol d’appartement.
Je regarde tout ce qui est sur le sol, les insectes, les matières en décomposition, telles que les fleurs, les feuilles. Je creuse le sol quand je peux creuser le sol.
Je recherche les couches d’humus, d’argile, les pierres, les racines du cerisier, les objets métalliques enterrées là depuis longtemps, les bouts d’os et je tombe sur Fifi le lapin enterré en juin 1967.
Je découvre des vers qui vivent là et des insectes, je prends ma loupe et je note ce que je vois. Et ça fait de la poésie contemporaine. Un seul mètre carré de terrain réserve bien des surprises alors que deux hectares de poésie contemporaine, peu.
Je creuse à différents endroits du carré, et je compare les différents endroits du carré entre eux. Le sol où pousse un arbre n’est pas un simple composé minéral. La portion de moquette où est posée la table télé n’est pas la même que celle qui supporte le frigidaire depuis 10 ans.
L’arbre agit sur le sol par l’action de ses racines, de ses feuilles mortes et de bien d’autres choses, alors que le frigidaire très lourd se contente d’emmagasiner des cochonneries sous lui tout en laissant rouiller ses quatre pieds, qui laissent une marque sur le carrelage quand on déménage.
Ce qui glisse peu à peu sous le frigidaire agit sur le sol de la cuisine qui est sous le frigidaire.
J’étudie le rapport entre le sol, la végétation et les animaux, je fais de l’écologie en même temps que je fais de la poésie contemporaine.
Certes une population vit sous le frigidaire, une population qui ne craint pas la chaleur du moteur, qui peut-être même en bénéficie pour s’accroître, mais cette vie paraît moins intéressante que l’inventaire d’un mètre carré de sol de terre que l’on explore pour son plaisir dans le jardin.
Ce qui pousse à creuser également c’est cette âme d’enfant que nous avons gardée en nous, ça agit bien mieux qu’une pelle et ça risque à tout moment de faire surgir un trésor dont nous serions l’exclusif propriétaire.
Imaginons ce que nous pourrions faire avec tout cet argent toutes ces pièces d’or, dont nous ne parlerions à personne, bien entendu. 








































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