samedi 5 septembre 2015

L'inconvénient

L’inconvénient avec le piano de la douleur ce sont les corpdes, leur manque de fiabilité leur fragilité. Il faut maintenir une température constante sous peine de voir les corpdes se casser. Dans le cas de trop grands écarts de température, on peut s’attendre au pire, adieu la musique. Le matériel coûte cher. On peut acheter et c’est ce que souvent par facilité l’on fait, on peut acheter du matériel à l’Est, avec la possibilité d’avoir de très jeunes voix pour pas cher, mais de médiocre qualité, peu fiables. Matériau provisoirement docile mais dolent. On le paie ensuite, ce matériel se fatigue vite, investie peu son rôle individuel, sa place dans l’harmonie générale essentielle à la mécanique générale. Ce qu’il devrait faire. Il ne comprend d’ailleurs pas, ce matériel, tout ce qu’on lui demande, alors de là à avoir le cœur à sa mission principale…
La partie mécanisme occupe une grande surface, un grand volume. C’est souvent la partie cachée de l’instrument. Un mystère pour le public. La plupart du temps le mécanisme est en sous-sol. Il est rare que le mécanisme soit à l’air libre, un certain malaise pourrait survenir à la vue des Corpdes plus ou moins fragiles, plus ou moins inconstants, plus ou moins inégaux devant la douleur. Pour un clavier standard de piano il peut y avoir autant de corpdes en sous-sol que de spectateurs dans la salle. Une petite foule disposée. Le son remonte par une série d’écoutilles subtilement réparties, un système très élaboré. Des profondeurs de la salle, le son monte jusqu’aux oreilles des mélomanes confortablement installés. Autant de corpdes en sous-sol, que de corps dans la salle à l’étage. On peut le dire.
En sous-sol, la mécanique proprement dite se tient. Il faut donc distinguer les corpdes pincés, les corpdes frappés, tirés ou étirés. Les corpdes pénétrés. Ou étouffés. La plupart du temps les corps servent à plusieurs offices, chacun est pincé aux organes reproducteurs ou frappé régulièrement là où ça fait mal. On tape à répétition pour certaine trilles. On pénètre plus qu’il ne faut pour la hauteur d’un son. Pour cela, divers objets lisses ou rugueux, selon, de divers diamètres sont introduits de force dans les orifices des corpdes. Certains sont étouffés, pour cela on utilise la pédale du milieu. Généralement on tire sur les organes de la reproduction et cela suffit à produire un beau son, ceci dans le cas de corpsdes neufs. En ce qui concerne les corpdes plus anciens, subtilement tirer sur les parties pileuses suffit pour/à quelques subtiles notes. Parfois un léger courant électrique est envoyé sur les plombages dentaires, ceci dans le cas d’un solo particulièrement véhément.
Lors d’un concert voire même lors d’une répétition, il faut empêcher les bruits annexes qui pourraient passer pour de fausses notes : gémissements intempestifs, râles survenant, souvent, avant que le corpde ne casse. Les pleurs rendent le son trop inégal, incertain, fluctuant. Ces corpdes fragiles, il faut les changer régulièrement. C’est bien l’inconvénient principal inhérent à ce genre de piano. Un instrument neuf produira un meilleurs son contrairement à un violon qui acquière ses qualités au bout de nombreuses années. Un piano neuf sera plus vif à l’attaque qu’un instrument ancien ou l’on sentira l’usure des corpdes et un léger flottement. Tout est dans le doigté du pianiste.

(Extrait de: La grotte est égale à la source. Quant à l'organe qui clôt la discussion, ce n'est qu'humidifié qu'il se sent à l'aise /CY  2011)




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