« La guerre est belle parce qu'elle
unit les coups de fusils, les canonnades, les pauses du feu, les
parfums et les odeurs de la décomposition en une symphonie. »
( Marinetti)
« Je me souviens encore de l'effet que j'ai
produit sur un petit groupe d'hommes de la tribu Galla massés autour
d'un homme en vêtements noirs. J'ai lâché une torpille aérienne
juste au centre, et le groupe s'est ouvert comme une rose s'épanouit.
C'était très amusant. » (Vittorio Mussolini)
« Si ma technique, mon imagination et
ma vision ont d'aucune valeur, je me dois d'être capable de mettre
les plus grandes valeurs de ma photographie non commerciale et
expérimentale, dans une paire de chaussures, un tube de dentifrice,
un pot de crème pour le visage, un matelas ou tout autre objet que
je souhaite éclairer et rendre humainement intéressant dans une
photographie publicitaire. » (Edward Steichen)
« La photographie oblique de basse
altitude offre une image moins propice à l'abstraction. Notre
promoteur aurait des difficultés à nier la présence détaillée de
villes anéantis, de no-man's land grevés de cratères et de
crevasses, ou d'occasionnelles figures humaines. Mais la remarque de
Steichen sur les « effets artistiques frappants » est
significative de l'aisance avec laquelle certaines de ces
photographies tombent dans un genre déjà établi, celui de
l'enjolivement propre à la photographie de paysage. » (Allan
Sekula)
« Tandis que l'avion tourne sur les lignes
de front, le photographe se mobilise à la vue de la dévastation ;
il braque son appareil photo et produit un document traitant de
l'inhumanité de l'homme envers l'homme. Quelques secondes plus tard,
l'avion navigue contre le soleil de l'après-midi et les cratères de
boue scintillent de reflets ; un nouveau cliché est produit :
dans l'oeil innocent du photographe la nature a momentanément
triomphé sur la guerre » (Allan Sekula (à la manière de
Steichen)
"Prétendre que steichen est l'auteur de
ces photographies aériennes n'est d'une certaine façon rien d'autre
qu'une manière détournée de revenir à l'image romantique et
sentimentalisée de la guerre, une tentative de dénicher un innocent
génie dans une friche mécanisée. Mais en cela rien de bien
nouveau. Considérons un instant le lyrisme de Carl Sandburg dans la
dédicace de Smoke and steel, publié en 1920 : « Au
colonel Edward Steichen, peintre des nocturnes et des visages,
graveur par la caméra des reflets et des moments, écoutant les
vents des soirs bleus et des fraîches roses jaunes, rêveur et
découvreur, cavalier de grands matins dans les jardins, les vallées,
les batailles. »
« Lonidier est assez conscient de
l'aisance avec laquelle les artistes du documentaire de centre gauche
ont converti la violence et la souffrance en objets esthétiques.
Malgré toutes ses bonnes intentions, par exemple, Eugène Smith dans
Minamata accorde, dans la représentation, plus d'espace à sa
compassion pour les pêcheurs japonais empoisonnés au mercure, qu'à
leur lutte pour les dédommagement auprès des entreprises
polluantes. La pitié médiatisée par le coefficient artistique,
supplante le discernement politique. Susan Sontag et David Antin ont
tous deux signalé que ce même portrait de la mère de Minamata,
donnant un bain à sa fille filiforme et retardée, est une référence
assez délibérée à la Piéta. » (Sekula)
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