lundi 6 juillet 2015

Comme une rose s'épanouit

 « La guerre est belle parce qu'elle unit les coups de fusils, les canonnades, les pauses du feu, les parfums et les odeurs de la décomposition en une symphonie. » ( Marinetti)

« Je me souviens encore de l'effet que j'ai produit sur un petit groupe d'hommes de la tribu Galla massés autour d'un homme en vêtements noirs. J'ai lâché une torpille aérienne juste au centre, et le groupe s'est ouvert comme une rose s'épanouit. C'était très amusant. » (Vittorio Mussolini)

 « Si ma technique, mon imagination et ma vision ont d'aucune valeur, je me dois d'être capable de mettre les plus grandes valeurs de ma photographie non commerciale et expérimentale, dans une paire de chaussures, un tube de dentifrice, un pot de crème pour le visage, un matelas ou tout autre objet que je souhaite éclairer et rendre humainement intéressant dans une photographie publicitaire. » (Edward Steichen)

« La photographie oblique de basse altitude offre une image moins propice à l'abstraction. Notre promoteur aurait des difficultés à nier la présence détaillée de villes anéantis, de no-man's land grevés de cratères et de crevasses, ou d'occasionnelles figures humaines. Mais la remarque de Steichen sur les « effets artistiques frappants » est significative de l'aisance avec laquelle certaines de ces photographies tombent dans un genre déjà établi, celui de l'enjolivement propre à la photographie de paysage. » (Allan Sekula)

« Tandis que l'avion tourne sur les lignes de front, le photographe se mobilise à la vue de la dévastation ; il braque son appareil photo et produit un document traitant de l'inhumanité de l'homme envers l'homme. Quelques secondes plus tard, l'avion navigue contre le soleil de l'après-midi et les cratères de boue scintillent de reflets ; un nouveau cliché est produit : dans l'oeil innocent du photographe la nature a momentanément triomphé sur la guerre » (Allan Sekula (à la manière de Steichen)

 "Prétendre que steichen est l'auteur de ces photographies aériennes n'est d'une certaine façon rien d'autre qu'une manière détournée de revenir à l'image romantique et sentimentalisée de la guerre, une tentative de dénicher un innocent génie dans une friche mécanisée. Mais en cela rien de bien nouveau. Considérons un instant le lyrisme de Carl Sandburg dans la dédicace de Smoke and steel, publié en 1920 : « Au colonel Edward Steichen, peintre des nocturnes et des visages, graveur par la caméra des reflets et des moments, écoutant les vents des soirs bleus et des fraîches roses jaunes, rêveur et découvreur, cavalier de grands matins dans les jardins, les vallées, les batailles. »

 « Lonidier est assez conscient de l'aisance avec laquelle les artistes du documentaire de centre gauche ont converti la violence et la souffrance en objets esthétiques. Malgré toutes ses bonnes intentions, par exemple, Eugène Smith dans Minamata accorde, dans la représentation, plus d'espace à sa compassion pour les pêcheurs japonais empoisonnés au mercure, qu'à leur lutte pour les dédommagement auprès des entreprises polluantes. La pitié médiatisée par le coefficient artistique, supplante le discernement politique. Susan Sontag et David Antin ont tous deux signalé que ce même portrait de la mère de Minamata, donnant un bain à sa fille filiforme et retardée, est une référence assez délibérée à la Piéta. » (Sekula)

 

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