mercredi 22 août 2012

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A droite tout droit, puis deux fois à gauche


      "J’en connais à qui Marylin Bardot ou Brigitte Monroe ne font aucun effet, de même,  je ne crois pas aux « paroles dernières » et surtout pas dirai-je, c’est comme ça, qu’est ce que tu veux y faire ? Je ne peux croire ou accepter, du haut de mon droit à ne pas croire et à celui de critiquer, qu’une parole soulignée par la fin proche, ciblée puis prise et découpée dans le continuum serait plus exacte qu’une autre, qu’une parole lancée en dernière extrémité serait plus intelligente plus vérace qu’une autre, plus musicale, que celle-ci prononcée au bon moment signerait une carrière, une carrière comme une vie une vie comme carrière, même dite dans d’ultimes circonstance et bien tristes circonstance d’ailleurs, qui voudrait en finir hein ? Surtout pas moi. De bien affreuses circonstances et dégoûtantes circonstances, « qu’est ce que tu veux y faire hein ? C’est la vie », dirait mon cousin.
       Les « brûlez tout » de Virgile puis de Kafka et de tant d’autres, ne m’impressionnent pas et je m’en expliquerais s’il le faut vraiment. Cependant et généralement elles impressionnent ces paroles, ce doit être leur but, ça l’est. Eliminer gommer s’éliminer par la même occasion, couler, partir en même temps que son œuvre son monde notre monde, cette grande décision est j’en suis sûr mâtinée du doute du créateur, fameux doute qui suivit l’auteur, malgré son génie malgré tout et l’accompagna toute sa vie, doute à peine existant juste un peu là tapi pour l’inconfort nécessaire au travail de répétition d’utile macération parfois d’exultation…, mâtinée dis-je car il faut deux partie pour mâtiner et assembler, comme il faut au minimum deux cépages, d’une ultime coquetterie romantique ? Qui est-il après tout cet être génial, que fut-il si ce n’est ce savant et intelligent et efficace mélange ce pétillant assemblage ? Certes mhh, il peut bien s’accorder un dernier sursaut égotiste, lui qui se surveille depuis si longtemps… Ces paroles peuvent-elles être muries durant toute une existence et dites comme un compliment, du mieux possible malgré le dentier qui tombe les glaires qui étouffent et l’inexistence en ces siècles anciens de nos terribles maladies d’aujourd’hui destructrices de mémoire ? Je le crois.
       On en tient compte, terriblement, c’est la fin c’est la fin et le fin du fin, on attend on recueille, pour un peu on serait collectionneur comme d’autres attentifs et curieux observent l’âme qui s’élève et d’autres encore qui on le réflexe plutôt technique de la peser au passage. Et oui ça impressionne, au besoin on modifie, on enjolive en douce car c’est tout de même incroyable qu’avant le dictaphone…, on invente en doublant l’auteur présumé, avec son style, au cas où cet objet-à-peine-être-encore tout-juste-là-moribond-proche et de dévotion, déjà, un peu trop sec trop rigide, n’articulerait plus, ne distinguerait que l’obscure perspective qui le happe, ne pourrait, ne ferait, que se taire.  A travers les larmes possible voire logiques, il nous serait difficile à nous aussi de voir ce qu’il faut voir, nous ne distinguerions plus guère, plus rien, plus non plus.
       Le fait est que plus tard ça inonde le marché, non pas les larmes mais cette formule lancée là sans élan. Ces formules font date, épaississent la couenne des usuriers du livre, encombre un peu les petits enfants collent aux les descendants. C’est heureux, il y tant de belles choses à lire à voir, sinon il n’y aurait rien n’est ce pas ? Heureux que l’on ne les ait pas brûlées les œuvres mais aussi les « Plus de lumière » les « Coq à ma poule » les « C’est bien… ». Les paroles prononcées, la parole prononcée par l’émetteur qui d’une certaine façon se coupe de tout contexte lorsqu’il l’émet, ce qui est douteux, comme à bout de jogging, un tantinet essoufflé les jambes raides, il ne veut plus dire grand-chose, n’exige que d’avoir la capacité d’aspirer encore un maximum d’air, que cet peu air soit accompagné d’une paix définitive, mais qui, professionnel jusqu’au bout entouré de professionnels jusqu’au bout se produit jusqu’au bout.
       Ce qu’il dit ne vaut rien en regard l’œuvre, par contraste, cela parait bien inconsistant, alors…, « Plus de lumière » et pourquoi pas « plus de lumière » après tout lorsque tout s’éteint ? Cependant, conclure en clapant du bec ne veut rien dire de plus que conclure en clapant du bec, conclure quelque chose qui aurait pu durer, quelque chose qui dépasse qui aurait dépassé son propriétaire quelque chose proche de l’éternité donc conclure et se vouloir autre, au delà, plus, conclure l’histoire, sa propre histoire d’être, d’être exceptionnel certes et le sachant, qui a pondu d’énormes choses en un relatif silence de quelques décennies et qui, soudainement, se mettrait à parler comme pour illustrer maladroitement, boucler la boucle glorieusement ? Ca ne tient pas. Mais il nous faut des Joconde des Tournesols des Joconde et des Tournesols de paroles inscrites définitivement, qui tenteraient d’expliquer ce qu’est le bord ce qu’est le définitif, enfin… « C’est bien… », « Messieurs il est cinq heures, le cours est fini… », « Au fait, quelle était la question … ? »,…
        Qu’est ce que vous en pensez ? Non je veux dire…, c’est midi les gars, les gens des bureaux vont profiter de la belle saison et venir s’asseoir là et manger de savoureuses pizza des panini à peine entamés et qui dit pizza qui dit panini veut dire croutes et promesse de repas sous les bancs…, allez on descend au square Balzac … !?"

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