lundi 7 mai 2012

"Même si ce n'est pas la totale panacée


« Il y a quelque chose de lavé ce matin. Après cinq ans de guerre, « comme après cinq ans de guerre » devrais-je dire, bien sûr bien sûr…, la langue parlée dans ce pays va renaître, retrouver sa justesse, n’est ce pas ?  Une autre s’ouvre, de guerre, en positif, voyons le comme ça, « …va falloir reconstruire ». On se dit ce matin, qu’on aura moins honte, franchissant une frontière, de se déclarer citoyen de ce pays. Hier soir, les médias télévisés nous ont prouvé une fois de plus qu’ils sont capables d’innovation pour faire pire encore, jusqu’à l’illisible, l’insupportable et bien loin de ce que devrait-être la pratique banale et quotidienne de l’art de l’image informative. La simplicité ce n’est pas ce qui les étouffe, un temps d’arrêt : impossible. Gangrénés qu’ils sont par justement ces cinq ans de remplissage à tout prix, de dépassement obligé autant qu’inutile, l’image et l’information doivent faire du chiffre elles-aussi, être évaluées, tourner à vide au besoin (ici un feu d’artifice du vide informatif triomphant comme au premier tour). Rendre cet apothéose de fin de campagne tourbillonnant et doré et pour cela, rendre absolument instable toute personne d’apparence humaine et éclairée abondamment, en, je m’explique, les faisant flotter dans un espace transparent qui existe mais totalement virtuel, me fais je bien comprendre ? …c’était réussi. Puis suivre, et nous quasiment sur la moto des suiveurs ( moins bien d’ailleurs qu’au tour de France nous tentons une identification) sur un écran parallèle, suivre dis-je à travers la nuit, la voiture du  vainqueur durant trois quarts d’heure, après avoir repéré sa sortie, de son repère, par hélicoptère comme ferait la police, comme fait la police avec les délinquants fuyards, (comme elle faisait je me souviens pour mettre la pression lors des manifs lycéennes d’il y a peu, rasant les quais, la tuyère hurlant…) encore là, gangrène poisseuse du quinquennat et plus, qui meurt aujourd’hui: les médias rendus à l’image de cette terreur obligatoire. Innovation peut-être de celle qui me parle le plus, la caméra matériau parmi les matériaux humains qui pressent et palpent, veulent à tout prix palper le vainqueur de l’épreuve et qui tente de palper elle-aussi, à l’épaule : « est-ce vrai, est-ce lui, où allons nous, nous verrons bien…, chantons et palpons. », …sans doute les plans les plus hasardeux, les plus chaleureux et habités (par nous, du coup, toujours dans cette quête cette identification) aussi parce que dangereux pour le matériel, et sans réel contrôle…, et, sans doute,  l’avion qui le mène à Paris…, mais j’éteins « le récepteur de télévision ». Quelque chose de lavé, le vent est tombé,  le ciel totalement lumineux, le trèfle sèche lentement, les merles becquent et creusent et partent avec des larves des lombrics, B. ne peut pas tous les sauver, …, plus de pain (nous n’avons rien prévu), aucune rumeur du centre ville hier soir, aucune image ce matin d’une liesse éventuelle, il faudra se déplacer, ici : nulle boulangerie, nulle presse, nulle trace humaine. Ici on dort et on jardine, où sont les habitants ? Des nuages réapparaissent, les premiers, blancs et gonflés de rien, cousins éloignés de ceux d’hier, côté ouest. Hier dans le soleil, à cinq minutes du résultat, une pluie de mai née du réchauffement climatique, en gouttes horizontales, giboulées tardives. Je ne devrais pas associer météo, bouleversement climatique et espoir politique, mais hélas notre besoin de symboles bêbêtes semble plus fort que tout ; quelque chose de lavé, donc. Franchissant une frontière demain, … »
 (chronique de Baulieu)

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