lundi 21 mai 2012

Composite



« On est assis, confortablement, sur ce banc. Lisse et chaud, en fausses planches de vrai composite utilisées d'ordinaire pour faire du ski nautique. Mes pieds ne touchent pas terre, mais c'est normal, on flotte déjà, avec le clapotis sous le ponton. Car devant s'étend "son" lac. Cabane sans murs - à peine un stock de pierres pour couper le vent et caler la terrasse supérieure-.Cabane-plancher, cabane pour contempler sa préférence, son enfance, son adolescence, "c'est là-bas que nous allions nous baigner, et puis plus tard un peu plus loin ; il ne faut pas craindre ce qu'il y a dessous, car on ne sait pas trop de quoi il s'agit. C'est vaseux". Mais cabane quand même tant cet endroit semble protégé et protecteur, une bulle, une chambre à soi, parce qu'on y est tout entier dedans et dehors.
Contempler l'enfance de l'autre tout en se faisant ses propres souvenirs par le petit bout de la lorgnette, l'accompagner là-bas tout en sachant très bien qu'on ne sera jamais vraiment dans le paysage, puisqu'on n'y a pas habité enfant, qu'on ne s'est pas réveillé chaque matin avec cette lumière, qu'on n'est pas allé avec les parents accomplir le rituel du soir. On sait juste qu'on a pris part à la liturgie du jour, et du maintenant, et qu'on s'est permis d'emporter un peu de cette lumière calme et large, bleue et limpide, qui lave les poumons, adoucit les mœurs, élargit les horizons. »
 (MpR)

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