jeudi 17 mars 2011

Réseau

"Relativement vrai de l’idéal. Repos. Délectation. Poids. Membres épars. Comme plâtre. Inquiétude alors. Etre regardés plutôt que voir. Sans ça, demeureraient-ils ? Ne le sont-ils pas déjà parbleu ? Nous. Et rien que et aveugles et cons ? Anonymes alors et malheureux oubliés du monde ou pire ? Donc seuls, sans cette surveillance, caméras radars net portables cartes bancaires et objets qui les relient entre eux, les-mêmes si-seuls, les unit, religion-nouvelle-religion-qui-relie-mieux et plus d’autant qu’aucun acte de foi ne doit être fourni pour la prouver, aucun geste rituel à part serrer les fesses dès qu’on s’introduit dans sa propre voiture, que le moteur tourne, que l’on doit avancer en corps dans ce mouvement qui récemment, encore procurait un immense plaisir, un vaste et joyeux sentiment de liberté, certes machinique-délice-polluant, mais délice.

Certains en abusaient, nous en abusions, n’est ce pas la vie… ?

Enfin ! Un radar nous détecte. Tous heureux donc pénétrés, de cette liberté contraignante au sortir du bois, victimes plus qu’agissant. Ô bienfaisante répression égalitaire. Tous, sous ce ciel coercitif sommes identiques. Unis, frères, sans distinction d’espèce. Le radar guette, la caméra nous suit, le satellite nous détecte, ma concierge m’attend.

Piéton, sondeurs en embuscade sondeurs en vue, slalom, nous ne sommes pas repérés comme sondables, ce n’est pas le jour pas l’heure pas le jour pas l’âge pas le type, alors que sommes-nous si nous ne sommes ? Autre version : ouf tant mieux, mais alors que sommes nous ? Et oui mon canard, le bourgmestre de Hambourg avait promis à S., que seraient libérés ses ex-hommes de mains, ses corsaires de la Baltique, y compris les manchots les pieds bots les borgnes les teigneux, ceux qui souffrent du ver solitaire de la goutte de la teigne du boitement du haut mal de la morve de la nostalgie chronique, de l’insatisfaction, tous, tous ceux que lui, S-mourant, dépasserait-marchant, après qu’on lui ait tranché la tête. Le bourreau, ce tricheur ou ce complice de l’état ce traitre cet impatient s’il en est, lui fit un croche pied au onzième bonhomme, par peur du chômage. Technique, …mais surtout le sénat cet infâme idem, ne tint pas parole. Tout le monde eut la tête tranchée. Les brutes les fourbes ! On se paye notre tête jusqu’au bout. Oh, tout ce qu’on promet aux condamnés, les glaces à la noix de pécan promises dans le couloir de la mort…, il n’obtient que de la pistache dont il a horreur, puis roussit après quelques tentatives maladroites. Sa résistance finale exacerbant l’envie de glace chez les autres."

(Charles Auxey Duresse - L'excès)

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