Par les monts

Ce parcours justifie le remplacement de l’expression en route, déjà très habitée par « part les monts », pas une crête mais une modeste crête un dos rond allongé sur lui même une modeste et longue crête longée longtemps sur son dessus, la bosse sent son massif central déjà très massif central très rude très dénudé, certes en arrière pays pas de sommets enneigés, mais cette promesse de rudesse qui s’accentue et s’accentuera, on essaie de se convaincre que la lumière qui nous convainc n’est en général pas celle-ci mais qu’il faut s’en contenter et ça marche, ralentissement arrêt au niveau des blés verts à maturité de forme pleine, vilain ciel rose sale pellicule en doublure du bleu qui semble se déplacer en direction d’un Nord probable, je n’ai pas de portable je suis un fossile qui avance tout doucement et par à coups au raz des blés dans cet embouteillage on ne sait pas pourquoi dont on ne sait rien, je ne te préviens pas de mon retard, tu sais qu’un jour ou l’autre on a forcément du retard tu réagis à l’ancienne comme l’ancienne d’une civilisation beaucoup moins inquiète du retard, qui n’a plus court mais qui réagit, je patiente du regard le regard est fait pour patienter ça se voit, il y a tant et tant à voir parfois même on serait tenté de désirer un bon embouteillage pour pourvoir patienter voir et patienter patienter et voir tant voir, je ne pense pas qu’on puisse appeler ça rêverie car détailler un vert un rose une tige une ondulation c’est bien pire c’est bien autre chose mais un absolu du voir un survol un peu plus constant et pénétrable de la matière qui se présente non ? Oui bon, a un moment il peut y avoir ces sept vaches couchées et ce taureau debout, tous dans le même sens surtout les vaches et identiquement charolaises blanches que l’on dirait des sujet en plastique pour enfant pour ferme d’enfant même forme même attitude, c’est une vision car la voiture roule déjà plus vite dans ce tronçon d’accélération, ( ce tronçon accélérant), nous sommes, ma voiture et moi, cette fois au dessus de la route le champ, de vision, s’élargit, voir s’insinue dans de courts créneaux des visions donc la vitesse l’accélération découpe des fenêtres rapides de rapides fenêtres, je me rapproche de toi qui attend. Tout de même, on ne peut se détacher pleinement de cette sensation d’attente, ce peut-être une gêne c’est peut-être une gêne présentement, tu sais bien que je finis toujours par arriver, plus ou moins de bonne humeur mais j’arrive, je rejoins l’autoroute quittant ce qui était un raccourci pour éviter les bouchons de dix huit heures, aucun regret c’était bien beau, je peux maintenant faire des prouesses d’élégance et de courtoisie sur l’autoroute et de vitesse discrète, faire corps avec mon véhicule mon avion mon habitacle lancé mon espace et mon temps, j’arrive les oreilles un peu bouchées, car j’arrive. Il s’agit comme disait l’autre, bien de l’aventure du récit et non du récit de l’aventure.